Voilà quelques années que le Réseau Social d’Entreprise (RSE) est devenu une pierre angulaire du digital workplace en tant que lieu incontournable de création de valeur et de rencontre (ie. groupes, espaces, communautés) de contenus (idées, messages, documents, etc.) et des personnes (collaborateurs, partenaires, clients et fournisseurs).
Mais, à l’ère de la transformation digitale globale de l’entreprise, les RSE sont devenus de plus en plus confrontés aux logiques métier et aux processus. Ils se doivent d’être toujours plus intégrés aux tâches quotidiennes et de répondre aux attentes des utilisateurs.
Le sujet n’est pas du tout nouveau. Les premiers essais de socialisation des processus metier ont vu le jour depuis au moins cinq ans.
Qu’en est il aujourd’hui ?
En tant qu’observateur des solutions et qu’acteur expert qui accompagne les entreprises dans leurs stratégies de transformation digitale, nous observons aujourd’hui encore un bilan mitigé de la maturité de la « socialisation des processus ». Voici un résumé de cinq constations principales
Rapprochement Social <-> Processus
Le rapprochement des éditeurs est toujours un mouvement « normal » pour répondre aux attentes du marché. Mais entre Social et Processus ce fut la désillusion marquée par quelques échecs. Citons par exemple le raté de positionnement de Jive avec Producteev, brique de gestion de tâche qui est finalement abandonnée définitivement cet été. Par ailleurs l’acquisition de Sucessfactors par SAP n’a pas non plus abouti à une forte intégration entre les deux solutions. Enfin, Chatter, la brique social de Salesforce peine à convaincre en dehors des communautés des commerciaux.
Développement de l’offre fonctionnelle
Ayant compris l’enjeu majeur d’inclure les tâches et les processus dans le flux social, plusieurs acteurs du collaboratif ont plutôt misé sur l’enrichissement de leurs offres pour embrasser la diversité des processus à supporter. Ce levier fut, à notre avis, le mieux réussi, en particulier grâce à des propositions fonctionnelles «simples » et « flexibles » telles que : boutons sociaux sur mesure (Jamespot), blueprint / modèles de contenus métiers (Confluence), intégration d’un moteur workflow basique (Jalios)..
Marketplace, stratégie gagnante, mais de longue haleine
La stratégie des places de marché APPS permet d’augmenter les possibilités et fut gagnante pour quelques uns uniquement. Les plus réussis comptent plusieurs centaines d’applications disponibles dont le premier objectif est d’étendre les usages et de supporter plus de processus métiers. Cependant l’observateur du marché remarquera que très peu d’éditeurs ont su mobiliser une véritable communauté de développeurs qui partagent leurs réalisations.
L’intégration sur-mesure ça marche, mais c’est encore cher
Réaliser, à partir d’une solution marché, des applications sociales sur mesure pour supporter un/des processus métier(s), est sans surprise une démarche prouvée. Mais de tels projets d’intégration / développement sont toujours spécifiques, souvent coûteux et peu réutilisables dans des contextes différents.
Les « ChatOps », lueur d’espoir
Enfin, une lueur d’espoir vient du monde des applications de messagerie sociale (ChatOps) : Slack, Teams, Talkspirit… En effet ces solutions changent le paradigme de la socialisation métier : au lieu d’amener les conversations vers les processus et dans les diverses applications métiers (ERP, CRM, Application Spécifiques…), il suffit de créer des connecteurs entre celles-ci et les amener à partager des « signaux » dans les salons de discussion de ses solutions de conversations persistantes. Plusieurs avantages en découlent :
- centraliser les conversations dans un lieu unique et partagé
- impliquer tout acteur clé dans les conversations
- limiter les développements spécifiques autour des solutions métier.